Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Luis Royo, un artiste inspiré


    imagcentral.jpg

    Luis Royo, voici un nom que tous les amateurs d'heroic fantasy connaissent (tout comme celui de Siudmak pour ceux qui se sont plongés, comme moi, dans les livres présentés par la collection pocket heroic Fantasy). Les traits sont fins, les couleurs sombres tout comme l'univers de cet illustrateur espagnol. Parfois surgit une forme lumineuse mais plus proche de la lune que du soleil: le royaume de la nuit semble définitivement inspirer notre artiste. Les femmes, leurs courbes pleines, leur grâce, sont aussi un leitmotiv que l'on retrouve dans presque tous ces paysages désolés ou édeniques... phantasmatiques. Ces dernières représentées souvent en cuir ou peu vêtues laissent planer une aura sulfureuse autour du nom Luis Royo...de bien belles images certes mais à ne pas laisser à la portée de tous les yeux en-dessous d'un certain âge.

    luis-royo-5.jpg

  • On ne badine plus avec l'amour

    Le texte qui va suivre n’a en commun avec celui de Musset que le nom des personnages et l’incompréhension de deux êtres totalement fictifs….Ce sont les noms Camille et Perdican qui m'ont inspirés cette petite scène.


    chagallsmall_coupleaulit.jpg

    Perdican : Camille, tu es décidément trop fantasque ! Tu ne peux écrire sur tout et n’importe quoi !

    Camille : Et s’il me plaît à moi d’être fantasque ? Tous les jours que notre Seigneur fait, je dois me faire encore plus petite que le précédent ! Bientôt mes genoux s’enfonceront dans le sol à force de me courber ! Toujours baisser la tête, laisser la tempête passer, me fondre dans la tige d’un roseau pour ne pas casser…ce n’est pas une vie lorsque l’on se sent plus qu’arbrisseau, Pascal avait tort !

    Alors oui, je suis fantasque ! J’aime l’éphémère, j’abhorre le raisonnable. La vie, pour moi, est une immense aventure à côté de laquelle on passe à force de calculs. Et cette lamentable Raison fait plutôt notre malheur sous le masque qu’elle daigne nous montrer!

    Ma vie est rythmée de fantaisie et c’est ainsi que je la veux ! Comment peux tu vouloir enfermer l’eau vive sans qu’elle en devienne rance et croupie ? C’est impossible !

    Trop de pression fait céder la pauvre digue que tu as vainement tenté de bâtir pour me canaliser selon tes envies et tes désirs ! Mais c’en est assez. Je veux vivre à la façon dont je le conçois et cesser d’amenuiser ma flamme pour te rassurer sans cesse comme une mère avec son enfant !

    Perdican : Je ne comprends pas un traître mot de ce que tu cries ! Allons, Camille, cesse de hurler ! Ce que tu dis ne tient pas debout ! Moi, vouloir te canaliser ? Moi, vouloir te brimer ? Alors que toi tu es la prunelle hardie de mes yeux, toi que je chéris plus que tout au monde ? C’est inimaginable ! Ressaisis-toi et ne me regarde pas de ces yeux assassins !

    Allons Camille, te lasserais-tu de moi ? Sens-tu ton amour pour moi défaillir ? Est-ce pour cela que tu réagis comme une furie sur un mot comme fantasque ? J’ai dit cela sans y penser, pour rire…

    Camille : Perdican tu es un sot, si tu ne comprends pas ce que je te dis là !

    Perdican : Mais tu m’insultes en plus ! Camille modère ton langage ! Utilise un autre ton, je te prie ! Parlons en adultes !

    Camille : Et pourquoi utiliserais-je un autre langage ? Il faut bien appeler un chat un chat et un sot un sot ! Je te le dis franchement Perdican, sans colère. Ce ne sont pas des mots jetés en l’air, simplement lancés pour te blesser.

    Perdican, rassure-toi, je ne me lasse pas de notre amour. Je ne sens pas mon amour pour toi défaillir. Si je réagis ainsi, c’est que je suis à bout.

    Quand nous nous sommes rencontrés, j’étais un feu follet brûlant au rythme des saisons. Tu m’as apporté stabilité, la douceur d’un foyer humain, tes bras m’ont fait redescendre sur terre, je t’ai parfois ouvert le ciel et montré les étoiles. Aujourd’hui, mon feu est une étincelle, la voûte étoilée est devenue un toit de brique, la stabilité s’est muée en cage aux barreaux trop brillants. Je ne dois plus que me taire et mon chant ne peut plus passer mes lèvres. Sans ce feu intérieur je m’étiole. Perdican, ce que je te dis là est un appel au secours mais tu as si peu confiance en nous que tu t’aveugles et te persuade que c’est parce que je ne t’aime plus. Tu as tort Perdican, c’est bien au contraire parce que je t’aime que je t’ouvre mon cœur sur ces pensées secrètes.

    Perdican : Camille, tu ne me quitteras pas parce que je suis un idiot et toi une égoïste hein ?

    Camille : comment veux-tu que je te quitte, Perdican, alors que sans ton souffle je ne suis plus ? Je te demande simplement de me laisser un peu plus être moi-même. Ne deviens pas le corset de mon âme sous prétexte que ma fantaisie m’éloigne un peu de toi, que toutes mes heures ne te sont plus dévouées ! Perdican, nous sommes certes amants, amis, frère et sœur de cœur, mari et femme, cependant pour être complémentaires et apporter l’un à l’autre ce qui lui manque, il nous faut nécessairement être différents.

    Perdican : Alors, tu m’aimes toujours ?

    Camille : Perdican, ce n’est pas la question.

    Perdican :
    Mais si Camille, c’est la question, réponds-y !

    Camille : Perdican, si tu avais mieux prêté l’oreille à ce que je viens de te dire tu ne me poserais pas cette question !

    Perdican : Mais tu ne vas pas me quitter ? Ne prends pas cet air courroucé, cela m’angoisse ! Camille, j’ai besoin que tu me répondes, que tu me rassures !

    Camille : Je crois que mes mots resteront éternellement vains. On ne change pas une pierre en miroir poli. Oui, Perdican, je t’aime et je reste avec toi, toujours. Arrêtons-là pour ce soir. Bonne nuit et fais de beaux rêves.

    Perdican : Bonne nuit Camille. Je suis heureux que nous nous soyons réconciliés. Je ne supporte pas de dormir fâché.

    Camille :
    Moi aussi, Perdican, je suis heureuse que nous nous soyons « réconciliés »….

  • vie minuscule

    Assise, elle est là, elle ne bouge pas ou peu. Elle ne sort jamais. N’a plus de famille. Ou alors une famille qui pour elle n’existe plus. Pour elle ne sont réelles que les aides-soignantes, les aides-ménagères qui rythment ses jours entre le petit écran qui reste allumé toute la journée et ses repas qu’elle prend à heures fixes. Rien ne bouge chez elle, des quantités de bibelots s’entassent sur des étagères pleines de poussière…il ne faut surtout pas nettoyer…on pourrait les casser. Son salon est en même temps sa chambre. L’immeuble est vieux, délabré…elle habite au troisième étage. Les escaliers sont tellement raides….depuis son attaque, elle ne peut plus les monter. Donc elle reste cloîtrée. Le petit bout de balcon est même devenu inaccessible. C’est l’une de ses aides qui arrose ses plantes.

    Elle connaît tous les programmes télé par cœur. Un vrai Télé Z à elle toute seule. Elle n’a plus la radio depuis que son dernier poste est tombé en panne. Elle ne se plaint pas…ou alors juste pour dire qu’elle ne veut pas retourner à l’hôpital. Qui nourrirait sa minette ? Ses vieux voisins sont partis…soit en maison de repos, soit ont déménagé dans un autre immeuble…avec un ascenseur.

    C’est un monde triste auquel j’ai rendu visite une fois toutes les deux semaines. Elle avait parfois une petite joie, quand elle recevait une carte postale nouvelle (qu’elle collectionnait).

    Moi j’étais là pour parler avec elle. Pour qu’elle se sente moins seule. Etre une présence. L’assister dans cette fin de vie. Mais elle était tout sauf en fin de vie. L’idée de parler de sa mort prochaine la fermait totalement. Nous discutions de la série allemande qui passait tous les mercredis après midi, cherchant qui était le coupable de la série policière qui passait juste après. J’ai écouté sa vie passée. Aujourd’hui je parle d’elle, je ne vais plus rendre visite à cette vie minuscule mais touchante. J’aimerais avoir apporté un peu de chaleur et d’amitié à cette vieille dame mais je ne sais ce que je lui ai apporté et si elle se souviendra de moi. Je laisse tout de même ce petit témoignage d’une accompagnante sur son accompagnée.

  • La mort du père

    Les gouttes de pluie s’écrasent mollement contre la vitre. Le linge, qu’elle avait mis à sécher dehors, lentement, se gonfle d’eau. Plus rien n’a d’importance maintenant. Toute l’eau de la terre peut bien tomber, ce linge se noyer, elle n’est plus qu’un corps derrière une vitre, ses yeux ne regardent déjà plus au loin. Elle est à l’intérieur d’elle-même. Les derniers événements repassent en boucle derrière son écran personnel. Les images, les sons, les odeurs, les rires, les colères, les petites attitudes, mimiques, défauts, tout afflue et elle reste là, les yeux vitreux, la bouche entrouverte, le corps appuyé contre cette vitre, incapable de s’arracher à ce tonnerre qui gronde en elle. Elle se rappelle tous ces chemins parcourus seuls dans la forêt, avec Dick leur chien. Elle se rappelle tous ces morts qui, aujourd’hui, se sont rejoints, depuis cet appel téléphonique. Rien ne compte plus depuis que la sonnerie du téléphone s’est faite entendre et que la voix de sa mère lui est parvenue, altérée par la distance et la douleur. Son monde s’est effondré à ce moment précis. Tout un pan de sa vie s’est détaché. Pour une fois, nul mot, nulle phrase n’est venue à son secours…un vide s’est creusé en elle et elle avait raccroché. Aucune larme n’avait coulé et elle était seule ce jour-là à la maison. C’était un jeudi après-midi, son jour de repos. Elle traînait encore en chemise de nuit alors qu’il était déjà midi passé.

    L’annonce de la mort de son père était ce qu’elle craignait le plus depuis toute petite. Elle le voyait immortel, inaltérable et se refusait à le voir dépérir, vieillir et mourir. Il était si fort, jamais malade ou si peu, cela ne pouvait arriver, cela ne devait arriver. Voilà sept ans qu’elle était partie de chez elle. Pour ses études, elle avait quitté l’île, puis s’était mariée et ne revenait plus que pour les grandes vacances. Les voyages en Allemagne qu’elle faisait petite, seule avec lui, revenaient brusquement à sa mémoire, en particulier le petit cimetière perdu dans la forêt où son père voulait être enterré. Elle avait adoré ces moments passés avec ce père qu’elle avait fini par héroïser.

    Elle reprit doucement possession de son corps, la douleur qu’elle ressentait devenait en effet de plus en plus physique. Son cœur explosait dans sa poitrine et était transpercé par des milliers de petites aiguilles. Son ventre était devenu un trou béant. Elle avait envie de hurler mais sa gorge serrée ne lui répondait plus.

    Sa pensée revint difficilement au monde qui l’entourait. Elle venait de raccrocher au nez de sa mère qui devait être, non seulement seule, mais encore plus mal qu’elle. Des larmes s’amassaient derrière ses yeux tandis qu’elle tentait de composer le numéro de ses parents, enfin celui de sa mère, uniquement, désormais.

    tristesse.jpg

  • Poussières

    Dans une cave sombre,
    dans un sous-sol sans lumière,
    enfoui dans un univers de poussière,
    une coeur battait péniblement,
    étouffant sous les grains
    de saletés, sous les
    immondices des années,
    un semblant de vie.
    Mais ce coeur malgré le
    manque ne souhaitait que l'air.
    Puis vint enfin le balayeur du soir.
    Armé de sa seule peur,
    il décrivit un arc et
    remit de la lumière
    dans ce coeur
    plein de poussière

    ngc1999.jpg