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On ne badine plus avec l'amour

Le texte qui va suivre n’a en commun avec celui de Musset que le nom des personnages et l’incompréhension de deux êtres totalement fictifs….Ce sont les noms Camille et Perdican qui m'ont inspirés cette petite scène.


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Perdican : Camille, tu es décidément trop fantasque ! Tu ne peux écrire sur tout et n’importe quoi !

Camille : Et s’il me plaît à moi d’être fantasque ? Tous les jours que notre Seigneur fait, je dois me faire encore plus petite que le précédent ! Bientôt mes genoux s’enfonceront dans le sol à force de me courber ! Toujours baisser la tête, laisser la tempête passer, me fondre dans la tige d’un roseau pour ne pas casser…ce n’est pas une vie lorsque l’on se sent plus qu’arbrisseau, Pascal avait tort !

Alors oui, je suis fantasque ! J’aime l’éphémère, j’abhorre le raisonnable. La vie, pour moi, est une immense aventure à côté de laquelle on passe à force de calculs. Et cette lamentable Raison fait plutôt notre malheur sous le masque qu’elle daigne nous montrer!

Ma vie est rythmée de fantaisie et c’est ainsi que je la veux ! Comment peux tu vouloir enfermer l’eau vive sans qu’elle en devienne rance et croupie ? C’est impossible !

Trop de pression fait céder la pauvre digue que tu as vainement tenté de bâtir pour me canaliser selon tes envies et tes désirs ! Mais c’en est assez. Je veux vivre à la façon dont je le conçois et cesser d’amenuiser ma flamme pour te rassurer sans cesse comme une mère avec son enfant !

Perdican : Je ne comprends pas un traître mot de ce que tu cries ! Allons, Camille, cesse de hurler ! Ce que tu dis ne tient pas debout ! Moi, vouloir te canaliser ? Moi, vouloir te brimer ? Alors que toi tu es la prunelle hardie de mes yeux, toi que je chéris plus que tout au monde ? C’est inimaginable ! Ressaisis-toi et ne me regarde pas de ces yeux assassins !

Allons Camille, te lasserais-tu de moi ? Sens-tu ton amour pour moi défaillir ? Est-ce pour cela que tu réagis comme une furie sur un mot comme fantasque ? J’ai dit cela sans y penser, pour rire…

Camille : Perdican tu es un sot, si tu ne comprends pas ce que je te dis là !

Perdican : Mais tu m’insultes en plus ! Camille modère ton langage ! Utilise un autre ton, je te prie ! Parlons en adultes !

Camille : Et pourquoi utiliserais-je un autre langage ? Il faut bien appeler un chat un chat et un sot un sot ! Je te le dis franchement Perdican, sans colère. Ce ne sont pas des mots jetés en l’air, simplement lancés pour te blesser.

Perdican, rassure-toi, je ne me lasse pas de notre amour. Je ne sens pas mon amour pour toi défaillir. Si je réagis ainsi, c’est que je suis à bout.

Quand nous nous sommes rencontrés, j’étais un feu follet brûlant au rythme des saisons. Tu m’as apporté stabilité, la douceur d’un foyer humain, tes bras m’ont fait redescendre sur terre, je t’ai parfois ouvert le ciel et montré les étoiles. Aujourd’hui, mon feu est une étincelle, la voûte étoilée est devenue un toit de brique, la stabilité s’est muée en cage aux barreaux trop brillants. Je ne dois plus que me taire et mon chant ne peut plus passer mes lèvres. Sans ce feu intérieur je m’étiole. Perdican, ce que je te dis là est un appel au secours mais tu as si peu confiance en nous que tu t’aveugles et te persuade que c’est parce que je ne t’aime plus. Tu as tort Perdican, c’est bien au contraire parce que je t’aime que je t’ouvre mon cœur sur ces pensées secrètes.

Perdican : Camille, tu ne me quitteras pas parce que je suis un idiot et toi une égoïste hein ?

Camille : comment veux-tu que je te quitte, Perdican, alors que sans ton souffle je ne suis plus ? Je te demande simplement de me laisser un peu plus être moi-même. Ne deviens pas le corset de mon âme sous prétexte que ma fantaisie m’éloigne un peu de toi, que toutes mes heures ne te sont plus dévouées ! Perdican, nous sommes certes amants, amis, frère et sœur de cœur, mari et femme, cependant pour être complémentaires et apporter l’un à l’autre ce qui lui manque, il nous faut nécessairement être différents.

Perdican : Alors, tu m’aimes toujours ?

Camille : Perdican, ce n’est pas la question.

Perdican :
Mais si Camille, c’est la question, réponds-y !

Camille : Perdican, si tu avais mieux prêté l’oreille à ce que je viens de te dire tu ne me poserais pas cette question !

Perdican : Mais tu ne vas pas me quitter ? Ne prends pas cet air courroucé, cela m’angoisse ! Camille, j’ai besoin que tu me répondes, que tu me rassures !

Camille : Je crois que mes mots resteront éternellement vains. On ne change pas une pierre en miroir poli. Oui, Perdican, je t’aime et je reste avec toi, toujours. Arrêtons-là pour ce soir. Bonne nuit et fais de beaux rêves.

Perdican : Bonne nuit Camille. Je suis heureux que nous nous soyons réconciliés. Je ne supporte pas de dormir fâché.

Camille :
Moi aussi, Perdican, je suis heureuse que nous nous soyons « réconciliés »….

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