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vie minuscule

Assise, elle est là, elle ne bouge pas ou peu. Elle ne sort jamais. N’a plus de famille. Ou alors une famille qui pour elle n’existe plus. Pour elle ne sont réelles que les aides-soignantes, les aides-ménagères qui rythment ses jours entre le petit écran qui reste allumé toute la journée et ses repas qu’elle prend à heures fixes. Rien ne bouge chez elle, des quantités de bibelots s’entassent sur des étagères pleines de poussière…il ne faut surtout pas nettoyer…on pourrait les casser. Son salon est en même temps sa chambre. L’immeuble est vieux, délabré…elle habite au troisième étage. Les escaliers sont tellement raides….depuis son attaque, elle ne peut plus les monter. Donc elle reste cloîtrée. Le petit bout de balcon est même devenu inaccessible. C’est l’une de ses aides qui arrose ses plantes.

Elle connaît tous les programmes télé par cœur. Un vrai Télé Z à elle toute seule. Elle n’a plus la radio depuis que son dernier poste est tombé en panne. Elle ne se plaint pas…ou alors juste pour dire qu’elle ne veut pas retourner à l’hôpital. Qui nourrirait sa minette ? Ses vieux voisins sont partis…soit en maison de repos, soit ont déménagé dans un autre immeuble…avec un ascenseur.

C’est un monde triste auquel j’ai rendu visite une fois toutes les deux semaines. Elle avait parfois une petite joie, quand elle recevait une carte postale nouvelle (qu’elle collectionnait).

Moi j’étais là pour parler avec elle. Pour qu’elle se sente moins seule. Etre une présence. L’assister dans cette fin de vie. Mais elle était tout sauf en fin de vie. L’idée de parler de sa mort prochaine la fermait totalement. Nous discutions de la série allemande qui passait tous les mercredis après midi, cherchant qui était le coupable de la série policière qui passait juste après. J’ai écouté sa vie passée. Aujourd’hui je parle d’elle, je ne vais plus rendre visite à cette vie minuscule mais touchante. J’aimerais avoir apporté un peu de chaleur et d’amitié à cette vieille dame mais je ne sais ce que je lui ai apporté et si elle se souviendra de moi. Je laisse tout de même ce petit témoignage d’une accompagnante sur son accompagnée.

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