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Livres - Page 2

  • Va où ton coeur te porte....

    Un petit extrait du livre que je suis en train de lire "Va où ton coeur te porte" de Susanna Tamaro:
    "Derrière le masque de la liberté se cachent souvent la négligence, le désir de ne pas être concerné. La frontière est très mince, la franchir ou ne pas la franchir est une question d'instant, de décision que l'on prend ou que l'on ne prend pas; tu ne te rends compte de son importance que lorsque l'instant est passé. Alors seulement tu te repens, alors seulement tu comprends qu'à ce moment-là il ne devait pas y avoir liberté mais intrusion: tu étais là, tu étais consciente, cette conscience t'imposait d'agir. L'amour n'est pas fait pour les paresseux, pour exister dans sa plénitude il exige parfois des gestes précis et forts. Tu comprends? j'avais travesti ma lâcheté et mon indolence sous le noble habit de la liberté.
    L'idée du destin nous vient avec l'âge. Lorsqu'on a le tien, généralement on n'y pense pas, tout ce qui arrive nous apparaît comme le fruit de notre propre volonté. Tu te sens comme un ouvrier qui, pierre par pierre, construit devant lui la route qu'il devra parcourir. C'est seulement à distance, bien plus loin, que tu t'aperçois que la route est déjà construite, un autre l'a tracée pour toi et tu n'as plus qu'à continuer. On fait habituellement cette découverte vers quarante ans, on commence alors à sentir que les choses ne dépendent pas uniquement que de soi. Moment dangereux, au cours duquel il n'est pas rare de glisser dans un fatalisme étriqué. Pour voir le destin dans toute sa réalité, tu dois laisser passer encore quelques années. Vers soixante ans, quand la route derrière toi est plus longue que celle qui te reste, tu vois quelque chose que tu n'avais jamais vu avant: le chemin que tu as parcourun'était pas rectiligne mais plein de carrefours, à chaque pas il y avait une flèche qui t'indiquait une direction différente; de là partait un sentier, de là un chemin herbeux qui se perdait dans les bois. Certaines de ces déviations tu les as prises sans même t'en apercevoir, d'autres tu ne les as même pas vues; celles que tu as négligées, tu ne sais pas où elles t'auraient conduite, dans un endroit meilleur ou pire; tu ne le sais pas mais tu éprouves quand même des regrets. Tu aurais pu faire telle chose et tu ne l'as pas faite, tu es revenue sur tes pas au lieu d'avancer. Tu te souviens du jeu de l'oie? La vie avance un peu de la même façon.
    Dans les carrefours de ta route, tu rencontres les autres vies; les conaître ou ne pas les connaître, les vivre à fond ou les négliger dépend du choix que tu fais en un instant même si tu l'ignores, ta vie et celle de tes proches se jouent souvent ainsi, quand tu choisis de tourner ou de continuer tout droit."

  • rentrée littéraire 2006

    Hum, me suis un peu penchée sur la rentrée littéraire de cette année...Je suis plongée en ce moment dans L'impasse d'Antoine Choplin aux Editions La fosse aux ours (une maison d'édition dont je suis tombée amoureuse et ce n'est pas seulement parce qu'elle est lyonnaise). J'avais beaucoup aimé la façon étrange d'écrire d'Antoine Choplin dans son dernier ouvrage, Léger fracas du monde, et je ne suis pas déçue, le style est à la fois le même et en même temps différent. Le sujet est en lui-même différent, ce qui explique cette façon d'écrire qui change. Le jeu d'échecs a encore une fois sa place mais sur un fond de guerre en Tchéchénie alors que Léger fracas du monde se déroulait dans la région Rhône Alpes autour d'un lac...Dans l'Impasse, ce qui frappe ce sont les dialogues, dialogues entre ces soldats qui traversent cette impasse et débusquent la dernière famille cachée là et dialogues de cette famille. Enfin,je ne peux en dire plus car je ne l'ai pas encore terminé.

    L'autre livre qui a attiré mon oeil sur les étalages est celui d'Eric Chevillard (si vous ne le connaissez pas lisez le Hérisson ou La nébuleuse du crabe aussi) aux Editions de Minuit, Démolir Nisard. Je n'en suis qu'à la page 30 mais il est désopilant...je me surprenais à rire toute seule dans le bus qui me reconduisait chez moi...Là aussi l'écriture d'eric Chevillard vaut le détour. Je ne résiste pas à vous mettre quelques lignes: "car le petit Nisard fut un mouflet pénible, geignard, capricieux, velléitaire, timoré, qui essuyait avec ses manchettes la morve que produisait intarissablement son nez ridicule, sale habitude qu'il conserva, dit-on, jusqu'à un âge avancé en dépit des remontrances de ses parents auxquels, dans le même temps, leurs deux autres fils, Charles et Auguste ne donnaient que des satisfactions." (...) "Vilain cafard, bon élève par défaut d'imagination et servilité naturelle, doué par ailleurs de la phénoménale mémoire des pauvres d'esprit dont le cerveau est cousin des mousses et des éponges, Désiré subit les brimades de ses camarades mais rend hardiment coup pour coup, écrasant sous son poing les coccinelles et les fourmis passant à sa portée. Toutefois, le pou se sent chez lui dans sa chevelure terne et filasse."

    Pour ce qui est des autres auteurs qui envahissent nos rayons, je n'ai pas encore pu jeter de coup d'oeil au nouveau livre de Nancy Huston qui n'a pas l'air mal, ni à celui de Faïza Guène mais ce sera pour plus tard...il faut bien que je m'occupe des séances et des séquences de mes élèves un peu:)...